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le chêne

 

Le gland pénétra au plus profond de la fente
enserré entre les parois.

Est-ce sur un premier lit d’humus
ou au fin fond déjà ?
La graine germa

Loin de l'air, loin de la lumière
la plante grandissait
grandissait, grandissait
entre ces mâchoires de pierre
du monolithe
tonnes et tonnes d'une roche
juste fendue
et un gland rêvant de chênes
désir absolu

Combien d'années, de décennies ?
La tige se hissa enfin au faîte de la pierre
la tige devint tronc
et la tige devint chêne
séparant et mariant les deux rives de granit
qui n'emprisonnent plus
mais qui protègent.
La dernière tempête coucha nombre d'arbres voisins
sans compter ceux abattu par le camping riverain.
Le chêne pédonculé lui domine, lesté par ces chausses minérales
majestueux, offrant ombre et jeux dans ses branchages

Il est là
présent
présent passé et futur
présent cadeau

Il me dit le pouvoir du désir
plus léger et plus fort que ce qui emprisonne
Il me dit le pouvoir de la volonté et le pouvoir de l'union
oui, de l'union
Des geôliers convertis en soutien de l’avide de vie
avec lui
faisant un
pour des siècles
hier et demain
Il me dit :
« résilience »
il me cite Lao Tseu
« Le mou use le dur »
il me dit tant et tant de choses

et moi je lui réponds
« Merci »

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