Faudra viser toute une vie avisée
Pour décrypter le cri que j’expulsai
En corps cordonné
Encore coordonné à ma mère
A toutes les mères
A la mère Terre
A la Terre mère
A toutes les mères des terres minées

Faudra viser toute une vie avisée
Pour décrypter le cri que j’expulsai
Entêté en ma tétée
Dans un lien encore mammaire
De bébé chouchouté
Par ma mère nourricière
Que les nourrices scièrent
De tétines caoutchoutées

Faudra viser toute une vie avisée
Pour décrypter le non que j’éructai
Du haut de mes deux ans
Du haut de mon dedans
Qui expulsait dehors
Les ors désordonnés
Du trésor abandonné
De l’unité matricielle
Socialement brisée

Faudra viser toute une vie avisée
Pour décrypter le cri intériorisé
De cet amour unique à ma mère
Contre l’inique d’un père
Selon les complexités
De ces complexes cités
Sans père mission
Mais qui n’ont pas fini de miner
L’enfance, l’adolescence, la maturité.

Faudra viser toute une vie avisée
Pour décrypter le cri d’abord étouffé
Puis de plus en plus affirmé
De l’enfant qui devient homme progressivement
Progression de révolte à révolution
Des mots lus à l’action
Dans le but du grand chamboulement.
On peut être – trop – sérieux quand on a dix sept ans

Faudra viser toute une vie avisée
Pour décrypter le cri que j’exulte
Dans un hourra d’amour
Physique et sentimental
Pour une femme offrande
En mon offrande
Orgasmes synchronisés
Semences en grandes raies jouissances
Humides en leurs laitances

Faudra viser toute une vie avisée
Pour décrypter le cri baillonné
De l’homme fourbu, battu, abattu
Le cri à taire de l’homme à terre , atterré
Le cri qui rejaillit de la conscience raffermie
Le cri qui s’évade enfin de la survie
Le cri de la vie avide de vie
Mon cri , celui ci !

Faudra viser toute une vie avisée
Pour décrypter le cri ultime
Quand la mort t’intime
De cesser les combats
D’accepter le passage
D’une vie d’amours pas sages
Au néant total, sans effroi.