Sages propositions pour le Rosmeur

 

Le Rosmeur nioulouque s'offre enfin à nos regards émerveillés.
Hélas, ici et là des voix mesquines s'élèvent pour critiquer ces plans.
Je salue ce magifique projet, et cette magnifique réalisation avec ses formes rectilignes, ses matériaux naturels (interdiction des synthétiques), ses couleurs neutralisées (omniprésence du blanc pour les façades, interdiction de celui ci pour le mobilier...).
Je tiens par la présente à apporter mon soutien total à la Municipalité, la Communauté de Communes, les Bâtiments de France, les Architectes...
Enfin, dans cette ville aux tendances anarchisantes, voire bordéliques, de l'ordre et de la rigueur sont proposés.
Enfin des lignes droites, pures, canalisées, des couleurs domptées, des matériaux uniformisés, une ambiance aseptisée...
Je ne porterai qu'une seule critique :
Pourquoi s'arrêter à mi-chemin ?
Policer les quais ne suffit pas, il faut aussi policer le maritime et l'aérien.

Mer :

Actuellement, dans le bassin, aucun bateau n'est identique, pire, beaucoup sont blancs.
Définissons 2 ou 3 (maximum) modèles d'embarcations autorisées au mouillage, ayant la même longueur, la même largeur, le même tirant d'eau, le même moteur, la même hauteur de mât.
Un nuancier de couleurs pour les coques, habitacles, voiles sera proposé aux propriétaires.
Le mouillage sur corps morts a des effets visuels catastrophiques : en plus des verrues provoquées par l'obligation d'entreposer les annexes (en plastique !), les bateaux retenus (et non fixés) par un seul point d'ancrage changent constamment de place. Ce qui fatigue les yeux et choque l'esprit rationnel.
Je propose donc que la rade soit compartimentée par des quais flottants (en bois ou en aluminium), ce qui permettrait aux marins de garer leurs embarcations de manière fixe, géométrique, orthogonale (comme à Tréboul). Ainsi le Port du Rosmeur serait il beau comme le parking du Leclerc. Plus beau encore car les objets voguants, y seraient normalisés.
Les plaisanciers ne pouvant dorénavant accéder aux rampes qu'en début de matinée, afin de leur permettre de mouiller leurs bateaux, un arrêté municipal fixera l'heure de la marée haute à 10h, tous les jours.

Ciel :

Hélas tout port est colonisé par les mouettes et goélands, animaux incapables de vols rectilignes et d'un minimum de discipline.
Après consultation d'ornithologues comportementalistes, il semblerait qu'aucun dressage ne pourrait remédier à ces mauvaises habitudes ancestrales.
Par contre un passé récent nous enseigne la possibilité d'atténuer la blancheur du plumage de ces volatiles.
Je propose donc que l'on dispose, dans le périmètre du Rosmeur, des mangeoires remplies de croquettes pour chats. Peu à peu, en les ingurgitant, les plumages des oiseaux se coloreraient de délicates teintes, tirant sur le fluo.
Un nuancier de couleurs sera proposé aux fabricants d'aliments.

Terre :

Un simple décret municipal peut (doit) interdire la déambulation sur le port de caniches, bergers des Pyrénées, labradors, et autres chiens (bâtards ou de race) de robe blanche.
Le même décret pourrait réglementer la tenue vestimentaire des humains usagers du port : professionnels du tourisme et de la pêche, habitants, promeneurs, consommateurs. Interdiction de toute étoffe, de tout ustensile de cette couleur sacrée, réservée aux maisons.
Un nuancier de couleurs sera proposé pour se vêtir dans les normes.
Par contre je propose une exception pour les cheveux blancs (j'aimerais pouvoir y accéder pour boire en terrasse un verre, de rouge).
Et une exception pour les robes de mariage.
Se faire photographier dans un environnement sans poésie, ni surprise, ni liberté, ni fantaisie, ceci dans l’obéissance absolue à toutes les contraintes, même les plus absurdes, donnerait aux jeunes époux une vision parfaite de la vie que leur souhaitent et leur suggèrent les "autorités".

Professeur YAKA

* Ayant l'esprit un tantinet moqueur, mais non morbide, jamais je n'aurais proposé de couvrir les quais de pavés totalement lisses, donc glissants en cas de pluie, de taches d'huile ou d'essence, de créer un éclairage ponctuel la nuit, donc des zones d'ombres, et d'éblouissements, enfin d'enlever les chasse-roues dans un espace appelé à recevoir des centaines, voire des milliers de personnes festives (traduisez alcoolisées). Sans doute parce que je suis un clown, et non un décideur.