C'est un galopin, un chenapan, un p'tit merdeux de 8-10 ans, qui m'accompagne secrètement, depuis longtemps
Alors que je m'use en mes usages, ce cousin du Petit Prince et frangin de Peter Pan, conserve le même âge, énumérant mes cheveux blancs
C'est un lutin mutin qui me lutine et se mutine lorsque je ratiocine et me ratatine dans les officines où je cuisine ma vie sociale trop sérieusement
C'est un galopin, un chenapan, un petit être rigolard, qui me propose goguenard d'éviter les traquenards où poignardent les ringards, jaloux de mes regards d'enfants
- Te souviens tu Mireille de tes yeux qui s'émerveillent, en scrutant le chenapan qui veille intérieurement à ce que je ne devienne sénile trop précocement ?
- Te souviens tu Mireille, c'était un important conseil… d'administration ? Toi tu l'as vu, j'ai vu que tu l'as vu, t'as vu que j'ai vu que tu l'as vu, j'ai vu que t'as vu que … popopo…
- Te souviens tu Mireille de notre fou rire irrépressible, victoire – en ce Conseil - inadmissible, du garnement ? Mais impossible de faire taire ce surmoi libertaire, qui s'exhibait indécemment
- Sais tu Mireille que jamais une femme, qui m'aima dans l'âme, ne le pût sans reconnaître ce petit être en moi, plus ou moins consciemment ?
- Sais tu Mireille que jamais une femme que j'aimais dans l'âme ne pût, sans se faire reconnaître de ce petit être, vivre nos émois intensément ?
Il est de ces putti putschistes que rebutent mes trahisons de pute à mes désirs et rêves d'enfant, d'adolescent
Ne croyez pas que la coexistence soit toujours facile, l'adulte et le môme restent fragiles, si nos rapports jamais ne s'effritent, quelques fois ils frittent
Mais je le protège car je sais qu'il agrège le meilleur de moi-même et m'allège, autant qu'il le peut, du plomb que mon expérience transmue en vieux con
D'ailleurs quand mon histoire se résumait nuit noire sans apparente rémission, qu'il s'était éclipsé, je vécus sa disparition comme trahison
Seule une amie, une vraie, me dit, l'eus-ce tu cru ? « - Il est toujours en toi, mais c'est toi qui ne le vois pas, je peux te le prédire, bientôt tu l'entendras rire »
Ce fut par un beau matin, un peu moins chagrin, (mâtin quel matin !) quand mon petit pote redevint pilote afin que l'ilote retrouve sa maîtrise, qu'enfin il lâche prise
Alors j'ai retrouvé mon galopin, mon chenapan, mon p'tit merdeux de 8/10 ans qui m'accompagne depuis longtemps
Et si pendant mon slam tu me vois sourire, sache que l'affreux jojo interne vient de me dire : « - tu n'es qu'un saltimbanque qui jongle avec les mots. Salue bien de ma part, tes spectateurs, cabot ».